Avant la fin du XVIIème siècle, le champagne était bouché avec un morceau de bois enveloppé de lin, de chanvre hermétiquement retenu par la cire à cacheter. Puis jusqu’au début du XIXème siècle, les ouvriers cavistes fermaient manuellement les bouteilles avec un bouchon de liège dont le diamètre était deux fois plus large que celui du goulot de la bouteille. Ils tapaient avec une batte… A partir de 1827, apparaissent sur le marché champenois des machines à boucher, mais il faudra attendre le milieu du siècle pour que ces machines soient réellement efficaces. Pour maintenir le bouchon en place, pendant la fermentation, on le ficelait avec une ficelle de chanvre à deux brins ; cette opération se fera à la main jusqu’au milieu du siècle. Mais celle-ci moisie petit à petit… et le bouchon finit par sauter et adieu mousse divine. On ajouta donc du fil de fer pour consolider le premier ficelage.
C’est en 1844 qu’Adolphe Jacquesson déposa un brevet d’invention de capsule métallique et du muselet, deux innovations majeures dans le monde du champagne. Ce négociant de Châlons (sur Marne) permettait ainsi de résoudre le grave problème de perte de vin consécutive aux intempéries, à la porosité des bouchons ou encore au pourrissement des ficelles. Il eut donc l’idée d’utiliser des plaques en fer blanc dépolies, laminées, et d’y découper des rondelles du même diamètre que celui des bouchons (« les flancs ») et de remplacer les habituelles ficelles par du fil de fer.
Pourtant il faut attendre environ 1881 pour voir les premières capsules de métal sur les bouchons désormais protégés, maintenus par des muselets de fil de fer rattachés au goulot de la bouteille.
Autrefois, la plupart des capsules de champagne comportaient quatre encoches ou découpes ( trois seulement pour les Moët et Chandon ; ce qui les caractérisent ) et ceci jusque dans les année 60. Certaines, fabriquées à Bordeaux entre 1900 et 1930, étaient également munies de languettes (Pol Roger, Monopole). D’autres encore étaient munies d’un trou carré en leur milieu (Giesler) pour laisser respirer le liège. La grande majorité des capsules sont en fer-blanc, certaines plus recherchées sont en cuivre ou en aluminium ; L’acier étant pendant la Grande Guerre destiné à des usages moins pacifiques. Au début de leur utilisation, ces capsules possédaient toutes un aspect pratiquement identique et recouvraient les bouchons sans distinction de marque ou de provenance.
A la fin du XIXème siècle, on eut l’idée d’y estamper le mot « Champagne » qui apparaissait ainsi en relief, souvent accompagné d’une étoile. Puis aussi de les peindre en différentes couleurs. Petit à petit, les fabricants se rendent compte qu’ils peuvent profiter de ce petit espace de métal pour indiquer leur nom, celui de leur localité, etc. Au départ en fer blanc, sa décoration n’arrivera qu’au début du siècle, en relief tout d’abord, précisant le nom du propriétaire, quelques fois la marque. Puis plus tard, apparaîtront la couleur et les dessins (armoiries, châteaux, etc.) qui au fil des temps, ont beaucoup évolué. Quant au millésime, il fait son apparition en 1906 à l’initiative de POL ROGER. Dans un premier temps, seules les grandes marques sont concernées par ce phénomène. La technique ne permettait son application personnalisée qu’aux rares maisons qui en avaient les moyens. Après la seconde guerre mondiale, les techniques évoluent et permettent un prix de revient abordable. Mais il faut attendre 1960 pour que l’ensemble de ceux que l’on appelle » récoltants-manipulants » soient sensibilisés à ce problème de l’image de marque.
Aujourd’hui l’évolution des techniques en matière d’impression, en particulier la tampographie, a permis aux grandes marques et aux vignerons d’obtenir des capsules de toute beauté, certaines sont vraiment de petites oeuvres d’art. On distingue deux techniques différentes de fabrication. La sérigraphie d’une part, qui permet une bonne solidité des couleurs, une grande précision des traits et des coloris résistants à l’usure du temps et aux rayures. D’autre part, la tampographie qui, ne permettant l’impression des couleurs que l’une après l’autre, nécessite des opérations successives délicates de séchage et de calage. Cette technique, plus artisanale, est plus souvent utilisée pour de petites productions.