La culture de la vigne en Champagne remonte à l’époque gallo-romaine quand les Romains plantent les premiers ceps dans la région. Le vignoble est par la suite conservé grâce à l’intérêt que lui porte le clergé,
en particulier celui de Reims et celui de Châlons-en-Champagne.

Durant l’époque féodale, les vins de Champagne sont classés parmi les « vins de France », considérés comme produits dans le bassin parisien. Durant le règne d’Henri IV, il acquiert le nom de vin de Champagne sur Paris
(mais cette dénomination s’impose plus difficilement dans la région, le terme champagne désignant des terres non fertiles, qui ne peuvent servir que de pâturages aux moutons).

Au cours du XVIIème siècle, les vins de Champagne séduisent de plus en plus d’amateurs dans les cours royales de France et d’Angleterre sous l’impulsion de certaines familles parisiennes qui possèdent des terres en Champagne.
Ce siècle marque aussi une évolution des « vins de Champagne » correspondant au désir des consommateurs de vins gris, très faiblement colorés mais qui, selon les vignerons, vieillissent très mal en fûts.

Le champagne est donc rapidement mis en bouteille (vers 1660) afin d’assurer une meilleure conservation des arômes (avec un tirage avant la fin de la première fermentation) mais devient en contrepartie naturellement pétillant
(surtout pour les champagnes ayant peu d’alcool, étant peu colorés et dont le tirage est fait à l’équinoxe de printemps). Ce caractère effervescent cause beaucoup de soucis aux vignerons,
à tel point qu’il est surnommé « vin du diable » ou « saute-bouchon » à cause des bouteilles qui explosent ou des bouchons qui sautent sous la pression. Pour ces raisons, si les Anglais n’avaient pas été conquis par ce vin
pétillant, le champagne ne serait peut-être pas ce qu’il est aujourd’hui, car dès cette époque, les Anglais achètent aux Champenois des tonneaux de vin effervescent en vrac qu’ils se chargeaient de mettre eux-mêmes en bouteilles.
Ils avaient aussi observé que la meilleure époque pour provoquer la prise de mousse était le printemps.
Le champagne fut définitivement reconnu comme étant le vin des sacres le 7 juin 1654 lors de l’avènement du Roi Louis XIV.
En 1676, un poète londonien chantait « le champagne effervescent qui ranime rapidement les pauvres amants languissants. »

En 1670, dom Pérignon (1638-1715), un moine cellérier de l’abbaye bénédictine d’Hautvillers, va être le premier à pratiquer l’assemblage du raisin qui améliore la qualité du vin et en fait disparaître certains défauts.
C’est aussi dom Pérignon qui introduit l’emploi du bouchon de liège maintenu à la bouteille par une ficelle de chanvre imprégnée d’huile, ce qui permet au vin de garder sa fraîcheur et sa mousse.
De plus, il fait renforcer les bouteilles en adoptant un verre plus épais pour éviter que la bouteille n’explose, mais malgré les efforts du moine, l’effervescence du vin reste empirique jusqu’aux recherches de Louis Pasteur
sur la fermentation, au XIXème siècle. Les crayères près de son abbaye seront utilisées pour conserver le champagne à température et humidité constante. Par la suite, d’autres caves seront creusées en pleine craie.

Selon le chanoine Jean Godinot qui écrivit en 1718 que « depuis plus de vingt ans le goût des Français s’est déterminé au vin mousseux », le champagne effervescent auraient été donc commercialisé
dans des bouteilles spécifiques pour la première fois en France vers 1695. D’autres archives attestent que, en l’an 1729, à Épernay, Nicolas Irénée Ruinart fonde à Reims, le premier négoce en vin de Champagne effervescent,
la maison Ruinart.En 1730 est fondée la maison Chanoine Frères à Épernay.

Durant le XVIIIème siècle, le champagne commence à acquérir son rayonnement international, grâce aux propriétaires de célèbres maisons de champagne qui en assurent la promotion comme Florens-Louis Heidsieck, Champagne Heidsieck
ou Claude Moët, puis au XIXème siècle grâce à Pierre-Nicolas-Marie Perriet-Jouët et à la famille Bollinger. De même, certaines femmes après la mort de leur mari continuent le travail de ceux-ci, entre autres Mme Pommery,
Mme Perrier et Mme Clicquot (surnommée la « Grande Dame de Champagne ») qui contribuent elles aussi à la notoriété du champagne. Le champagne fut même décrit comme étant le « vin de la civilisation » par Talleyrand.
Avant qu’on apprenne à champagniser les vins blancs, ceux-ci étaient parfois (certaines années) naturellement pétillants. On retrouve une production de vins pétillants naturels aux quatre coins de l’ancienne Champagne,
aussi bien dans l’Aube (du côté de Bar sur Aube) qu’en Haute-Marne, où le vin de Soyers (région de Bourbonne), vin de cépage produit à partir du meslier doré avait une typicité reconnue, avant le phylloxéra.
Pour l’anecdote, le champagne Brut a été créé en 1876 à la demande des anglais, qui contrairement aux français à l’époque, préféraient boire des vins secs.
En 1928, l’appellation champagne concernait seulement huit mille hectares et les expéditions se montaient à vingt-quatre millions de bouteilles.

Il représentait en 1994 un chiffre d’ affaire de 14,4 milliards de francs pour les négociants, c’est-à-dire les 250 Maisons de Champagne , qui réalisent à peu près 70% des ventes.
Elles achètent la majorité de leurs raisins aux 15 000 vignerons champenois qui contrôlent 90% de la surface du vignoble et assurent 30% des ventes de champagne.
En 1995, 250 millions de bouteilles ont été produites.